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À quarante ans, Aurélie Delahaye vit dans un village de quelques centaines d’habitants dans Le Limousin où elle se consacre à l’écriture de son quatrième roman et de textes pour la jeunesse. Elle sera ce mois-ci à Bry pour une rencontre-auteur.
Vie à Bry : Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’écriture ?
Le désir d’écrire a toujours été présent depuis que je suis toute petite. Après avoir suivi le parcours d’une grande école de commerce, j’ai eu un sentiment de désillusion par rapport au monde du travail. Un jour est arrivé dans mon quotidien professionnel où j’ai perdu le sens. J’avais la conviction qu’il existait un autre quotidien dans lequel on pouvait se sentir à sa place, utile et heureux sur le long terme. Alors, j’ai tout quitté, Paris, mon appartement, mes proches et mon travail salarié. Je suis partie à l’aventure pour mener à bien mon projet de rendre les gens heureux. J’ai décidé de ne pas faire de plan, de ne pas avoir d’objectif et de tracer ma route à l’instinct. L’écriture représentait pour moi un rêve d’enfance, un retour aux sources mais aussi un virage à 180 degrés par rapport à ma vie d’avant.
VàB : Comment y êtes-vous parvenue ?
J’étais à la recherche d’authenticité. J’ai entrepris de voyager en arpentant les rues de grandes villes européennes à la recherche de gens ordinaires et heureux. En créant il y a quelques années le site Ordinary Happy People, j’ai voulu afficher les visages de personnes dont émanait une certaine joie que je rencontrais dans la rue et auxquelles je posais la question : « Qu’est-ce qui vous rend heureux ? ». Je voulais inspirer les gens avec ces portraits photo et écrits. Et là où il y avait de la résignation, dans le métro, dans les quartiers d’affaires, je m'amusais à faire sourire les passants avec un grand panneau jaune. Pour voyager, j’avais d’abord opté pour la colocation et les trajets en avion. Mais après un an, ce mode de transport ne m’a pas paru écologique. J’ai alors embarqué à bord de Ramdam, un ancien camion de pompier aménagé à bord duquel j’ai voyagé pendant neuf mois.
VàB: C’est ce que vous appelez votre vie de nomade ?
C’était une manière pour moi de revenir à l’essentiel en vivant dans 7 m2 et en étant proche de la nature. C’est ce goût de l’aventure et de la découverte des autres qui m’a donné l’envie d’écrire. J’ai voulu démontrer qu’Embrasser l’inconnu (le titre de mon premier livre) était possible. J’ai voulu faire partager mon expérience aux lecteurs en leur donnant l’élan nécessaire pour réaliser leurs projets.
VàB: Vous aviez alors 33 ans. Quelle orientation avez-vous prise dans votre travail sur l’écriture ?
J’ai eu envie de parler des sujets qui me tenaient à cœur. Et si cela devait passer par l’évocation de parties de ma vie, je l’ai fait tout en préservant mon intimité. Pour écrire mon deuxième livre Donne-moi la main Menino, j’ai effectué un important travail d’enquête sur le problème du logement que traverse Lisbonne en m’adressant à des citoyens avant tout, mais aussi des géographes, des hommes et femmes politiques et des associations. J’ai dormi chez l’habitant au Portugal pour être au plus près des gens. Je ferai de même pour mon quatrième roman dont l’action se déroule en Italie.
VàB: Diriez-vous que vos expériences personnelles portent votre écriture ?
J’écris aussi bien à partir du réel que de la fiction. Je réponds au besoin d’évoquer un sujet. Mes actions s’inscrivent dans le présent. Dans mon troisième livre Tu veux vraiment t’installer à la campagne ?, j’évoque la réalité à laquelle sont confrontés ceux qui veulent fuir la grisaille, le monde et la pollution de la vie citadine et qui décident de partir vivre à la campagne.
VàB: L’envie de voyager vous habite toujours ?
En m’installant dans le Limousin, je n’ai pas perdu le goût d’aller à la rencontre des autres. Pendant le Covid, j’ai eu la sensation d’une inspiration en berne et j’ai ressenti la frustration de ne pas rencontrer mes lecteurs. En 2021, j’ai décidé de faire une tournée en France de quelques six mille kilomètres à bord de Bianca, ma petite camionnette. Je me suis posée dans la rue, avec des affiches, devant des librairies à Mérignac, Agen, Montpellier, Romans-sur-Isère et dans les Cévennes pour aller à la rencontre de mes lecteurs. C’est ma façon de rester nomade.
Retrouvez Aurélie Delahaye à la médiathèque Jules Verne
Samedi 15 octobre de 15h30 à 17h30 pour un atelier d’écriture (public adulte, places limitées) suivi d’une rencontre à 19h30 (tout public)
Évènements gratuits sur réservation auprès de la Médiathèque Jules Verne
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