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Chevauche-Brumes / Thibaud Latil-Nicolas

 

chevauchebrumeBienvenue dans le Bleu-Royaume, un état féodal qui n’est pas sans rappeler notre Renaissance. On y suit la Neuvième Légion du Roy, une troupe aguerrie de retour de campagne. Alors qu’ils n’aspirent qu’à la paix, ces soldats rappelant fortement les tercios espagnols ou les lansquenets allemands vont être assignés à la défense d’une bourgade frontalière. Mais pas n’importe quelle frontière, la frontière nord où existe depuis toujours la Brume d’Encre, un phénomène magique d’où émergent parfois des créatures monstrueuses. Le problème vient que la Brume a grossi et de plus en plus de créatures en sortent pour s’en prendre à Crevet. La Neuvième doit donc contenir la menace mais en a-t-elle réellement les moyens ?

Pour un premier roman, l’auteur frappe fort. Il s’inscrit totalement dans cette nouvelle vague d’auteurs français qui inscrivent leurs récits dans un univers assez réaliste, ce qu’on qualifie de fantasy historicisante. On a l’impression de suivre le journal de guerre d’une troupe de soldats de la Renaissance jusqu’à ce qu’ils se retrouvent confrontés à l’irréel et l’impensable. Ce choix donne un récit particulièrement vif et dynamique, en particulier lors des scènes de guerres, car au plus près des personnages. Ces derniers sont d’ailleurs une autre force du récit car ils ont beaucoup de personnalité et ont tous une réelle place dans le groupe. L’auteur ne tombe pas dans le piège habituel de la compagnie héroïque qui va sauver le monde avec ses archétypes trop prévisibles. Là se sont des soldats qui nous rappellent les meilleurs films de guerre : des parcours différents, du caractère et de la gouaille mais unis dans un même but et une belle camaraderie sous-jacente. C’est d’autant plus frappant qu’il y a de la poudre dans leur équipement et que la magie est très limitée. Les mages n’ont donc pas l’apanage de la pyrotechnie dans ce roman et chaque soldat peut changer la donne.

Enfin le gros défaut potentiel de ce texte mais malheureusement indissociable du parti-pris de l’auteur : le vocabulaire ! On a un peu l’impression qu’il a écrit en ayant un dictionnaire de vieux français sous le coude et a essayé de caser un maximum de mots anciens dans son texte. Cela sert l’ambiance et l’immersion mais cela peut aussi très vite lasser le lecteur en fonction de ses gouts.

Chevauche-Brumes est donc une très bonne lecture, agréable et dynamique, qui maintient en haleine et que je vous recommande chaudement, y compris comme porte d’entrée dans les lectures de l’imaginaire car très proche du roman historique dans sa construction et sa narration.