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Romans

 

corbeauVoilà un premier très abouti et très efficace ! Dès les premières lignes le ton est donné : c’est un monde sans pitié et des héros abîmés qui nous attendent. Et en fantasy ça nous change de la compagnie brillante et chevaleresque qui sauve le monde !

Car Ryhalt Galharrow et ses hommes sont tout sauf chevaleresques : mercenaires chasseurs de primes, tueurs aguerris. Ce sont les seuls qui se frottent à la Désolation, un lieu ravagé (jusqu’au ciel d’une couleur glauque) lorsque la Machine a été utilisée plusieurs années auparavant. Car de l’autre côté de la Désolation, il y a les Rois des Profondeurs, des êtres immortels avec des armées comparables à des zombies. C’est vous dire si ce sont des durs à cuire !

Pourtant ils ont tous des failles, Galharrow le premier. L’une d’elles est la mystérieuse femme qu’il doit sauver dans un fort de la Désolation. Une femme qui le replonge dans son passé. Une femme surtout qui semble attirer tous les dangers : poursuivie par les sbires des Rois des Profondeurs jusqu’aux pontes de la capitale. Galharrow va devoir la protéger, tout en affrontant les hordes ennemies et les complots à l’intérieur de la capitale. Trop pour cet homme qui en a trop vu ou juste ce qu’il fallait pour prendre son destin en main ? Je vous laisse juge.

Ce premier volume rappelle à coup de personnages cassés par la guerre et d’humour grinçant et désabusé les mercenaires de la Compagnie noire de Glenn Cook, un classique du genre dark fantasy. Pourtant on retrouve aussi de la machinerie et des armes à poudres dans cette série qui devient un peu inclassable mais tellement satisfaisante ! Bien sûr, quelques défauts, propres aux premiers romans, sont à souligner mais globalement ils sont très minimes comparés aux promesses de cette série ! Alors allez-y d’autant que le volume 2 est déjà présent à la médiathèque.

 

 

chevauchebrumeBienvenue dans le Bleu-Royaume, un état féodal qui n’est pas sans rappeler notre Renaissance. On y suit la Neuvième Légion du Roy, une troupe aguerrie de retour de campagne. Alors qu’ils n’aspirent qu’à la paix, ces soldats rappelant fortement les tercios espagnols ou les lansquenets allemands vont être assignés à la défense d’une bourgade frontalière. Mais pas n’importe quelle frontière, la frontière nord où existe depuis toujours la Brume d’Encre, un phénomène magique d’où émergent parfois des créatures monstrueuses. Le problème vient que la Brume a grossi et de plus en plus de créatures en sortent pour s’en prendre à Crevet. La Neuvième doit donc contenir la menace mais en a-t-elle réellement les moyens ?

Pour un premier roman, l’auteur frappe fort. Il s’inscrit totalement dans cette nouvelle vague d’auteurs français qui inscrivent leurs récits dans un univers assez réaliste, ce qu’on qualifie de fantasy historicisante. On a l’impression de suivre le journal de guerre d’une troupe de soldats de la Renaissance jusqu’à ce qu’ils se retrouvent confrontés à l’irréel et l’impensable. Ce choix donne un récit particulièrement vif et dynamique, en particulier lors des scènes de guerres, car au plus près des personnages. Ces derniers sont d’ailleurs une autre force du récit car ils ont beaucoup de personnalité et ont tous une réelle place dans le groupe. L’auteur ne tombe pas dans le piège habituel de la compagnie héroïque qui va sauver le monde avec ses archétypes trop prévisibles. Là se sont des soldats qui nous rappellent les meilleurs films de guerre : des parcours différents, du caractère et de la gouaille mais unis dans un même but et une belle camaraderie sous-jacente. C’est d’autant plus frappant qu’il y a de la poudre dans leur équipement et que la magie est très limitée. Les mages n’ont donc pas l’apanage de la pyrotechnie dans ce roman et chaque soldat peut changer la donne.

Enfin le gros défaut potentiel de ce texte mais malheureusement indissociable du parti-pris de l’auteur : le vocabulaire ! On a un peu l’impression qu’il a écrit en ayant un dictionnaire de vieux français sous le coude et a essayé de caser un maximum de mots anciens dans son texte. Cela sert l’ambiance et l’immersion mais cela peut aussi très vite lasser le lecteur en fonction de ses gouts.

Chevauche-Brumes est donc une très bonne lecture, agréable et dynamique, qui maintient en haleine et que je vous recommande chaudement, y compris comme porte d’entrée dans les lectures de l’imaginaire car très proche du roman historique dans sa construction et sa narration.

 

 

sladehouseAuteur de L’Âme des horloges ou encore la Cartographie des nuages, adaptée au cinéma par les sœurs Wachowski sous le titre Cloud Atlas, David Mitchell explore une fois de plus avec brio la question de la temporalité sous une plume haletante et angoissante.

Slade House est un roman choral, qui peut également s’envisager comme une suite de nouvelles,  où chaque dernier samedi d’octobre, tous les 9 ans, d’étranges évènements  se déroulent dans une vaste demeure comme un sombre manoir. Le début du livre nous fait remonter en 1979 où une mère et son fils pénètrent dans Slade House sur l’invitation du mystérieuse Lady, Norah Grayer. Ici se trouve également un jeune garçon prénommé Jonah. Cette mère et son enfant ne reviendront jamais de cette étrange rencontre et il faudra attendre 9 ans pour qu’un inspecteur de police, Gordon Edmonds, ne s’intéresse à cette affaire. Seulement voilà, les évènements prendront une tournure inattendue…

Passionnant roman à la croisée entre SF et fantastique, Slade House sera ravir les amateurs et amatrices de maisons hantées et d’oraisons funèbres. Les lecteurs et lectrices de S.King trouveront également à travers cette lecture, un univers qui se referme sur eux, tel un fantastique piège angoissant.

 

 

hommeelectriqueDans ce roman « voltapunk » (petite déclinaison du steampunk), Victor Fleury déploie une uchronie au cœur de l’empire de Napoléon IV, l’Empire Electrique. Durant ce formidable roman d’aventure, différents personnages de la littérature vont se côtoyer, s’affronter et prendre ainsi part au conflit naissant entre la France impériale et le Tsar de Russie.

Au centre de cette histoire, l’homme électrique se distingue par la profondeur de son personnage. Véritable incarnation du progrès, cet espion au service de l’empire français, ce voleur de visages, va jouer un rôle déterminant. Machine douée d’une conscience, cet homme électrique va au fur-et-à mesure de la lecture nous dévoiler la genèse de son existence.

Appuyé dans sa mission par le frère Vacher et la Comtesse Cagliostro (franc clin d’œil à Arsène Lupin), l’automate nous conduira de Lyon jusqu’aux confins de l’est (non loin du château du comte Dracula…) en passant par Venise ou bien encore à bord de  l’Orient Express.

A la fois dense mais à la plume pertinente, l’écriture de Victor Fleury nous plonge dans cet univers comme un formidable roman d’aventure, où la dimension voltapunk est diffusée avec à-propos, tant pour servir l’esthétisme du cadre que pour questionner le rapport de l’homme à la machine, qu’il soit d’ordre philosophique ou politique. Développés avec soin, les protagonistes de cette aventure ne sont pas manichéens et les nombreuses péripéties sauront apporter des étincelles dans ce beau roman, accessible à tous.

 

roi par effractionFrançois Garde s’empare de l’immense (par la taille comme par le destin) Joachim Murat, Maréchal et Prince de l’Empire napoléonien, et surtout Roi de Naples et des Deux-Siciles. Quel personnage !

L’auteur commence son histoire de Murat en nous montrant sa tentative de reconquérir son trône napolitain qui lui a été repris alors qu’il allait aider Napoléon revenu en 1815. Malheureusement ce geste de fidélité lui coutera tout ce qu’il avait gagné. Il est rapidement fait prisonnier par les forces de Ferdinand, roi déchu de Naples. Ce dernier hait prodigieusement Murat. Le maréchal le sait et il sait que Ferdinand va le faire tuer rapidement sans procès. On suit donc les derniers jours du grand cavalier et on lit ses réflexions sur ces choix : de son refus de rester au séminaire pour s’engager volontairement dans les troupes révolutionnaires jusqu’au choix de trahir Napoléon quand celui-ci commence à perdre la main face aux forces Européennes liguées contre lui (le tout pour sauver Naples), en passant par son mariage d’amour avec Caroline Bonaparte et ses batailles.

C’est un livre historique certes mais l’auteur y a mis tellement d’élan lorsqu’il parle de la Charge d’Eylau ou des grands moments de la politique de Murat qu’on est très vite immergé dans le destin de cet homme. Et quel homme : onzième enfant d’un aubergiste du Quercy, il est devenu roi à la force de sa volonté et de ses prouesses militaires ! Un véritable enfant de la Révolution car cela n’aurait pas pu arriver sous l’Ancien Régime !

Ce n’est pas un roman lourd comme le sont parfois les romans historiques, c’est enlevé et épique comme l’épopée napoléonienne ! ous le recommandons aux amateurs de la période comme aux curieux désireux de découvrir ce destin si particulier d’un homme qui a participé à faire l’Histoire !